Voiture 4x4



Audi Quattro Sport
L'Audi Quattro Sport ne paie pas de mine : la carrosserie déjà simpliste de la Quattro originale a été sommairement raccourcie par le milieu en laissant à peu près intacts les porte-à-faux avant et arrière.
Le ridicule n'est pas loin.
Pour un peu elle ferait penser à un coupé Renault 17 bricolé en perruque par le jeune apprenti du garagiste du coin, et cependant la Quattro Sport est une voiture sérieusement construite et d'une redoutable efficacité.
Elle le prouve déjà par son prix de l'époque, : près de 800 000 francs !, autant qu'une Ferrari Testarossa.
Elle le prouve également par ses spécifications : un turbocompresseur, quatre roues motrices, cinq cylindres, vingt soupapes, 250 km/h, 300 ch.
Ce sont tout de même des caractéristiques qui imposent le respect.
La vilaine Audi réserve encore une autre surprise : à l'intérieur de cette carrosserie qui semble façonnée à la tronçonneuse, on a la surprise de découvrir un habitacle très bourgeoisement aménagé, capitonné de cuir et de velours, avec sièges chauffants et glaces électriques : le boudoir dans le char d'assaut.
Son histoire est classique et on la rencontre plus d'une fois dans cet ouvrage la Quattro Sport est une « homologation spéciale », c'est-à-dire qu'elle a été construite à 200 exemplaires pour être homologuée en Groupe B (Grand Tourisme).
C'est une recette qui peut donner la Porsche 959 ou la Ferrari 288 GTO, et les voitures sont toutes vendues avant même leur présentation officielle.
Et ça peut donner l'Audi Quattro Sport, une machine qui laisse pour le moins perplexe.
Son pedigree est cependant impeccable. Personne n'a oublié l'Audi Quattro originale, présentée en 1980 au Salon de Genève. C'était déjà une de ces "homologation speciale" qui ont réussi : au lieu des 400 exemplaires prévus, 5 000 furent vendus en quatre ans.
Ses caractéristiques d'avant-garde firent oublier une carrosserie sans âme.
La conjonction des quatre roues motrices et du turbocompresseur dans un coupé de grand tourisme produisit une de ces réactions détonantes qui marquent une époque.
La Quattro remporta en 1982 le championnat du monde des rallyes. Dès l'année suivante cependant, sa supériorité se trouva remise en question par des rivales qui avaient déjà compris la leçon et marchaient sur ses traces.
Battu l'année suivante par Lancia, Audi reprit le titre en 1984, mais les autres constructeurs ne restaient pas inactifs. Peugeot s'apprêtait à mettre en ligne sa redoutable 205 Turbo 16. Audi dut chercher la parade et c'est 1 est ainsi que naquit la Quattro Sport.
C'est encore la Quattro, mais avec un empattement raccourci de 30 cm.
La carrosserie originale empruntée au coupé Audi GT reste (hélas) reconnaissable, mais elle est construite cette fois en Kevlar sur une structure en acier.
Le moteur est toujours le 5 cylindres de 2,1 litres à turbocompresseur, dérivé de celui de l'Audi 200 5T, mais le bloc cylindres est coulé cette fois en alliage léger (ce qui l'allège de 23 kg) et il est couronné d'une nouvelle culasse à deux arbres à cames en tête et vingt soupapes.
L'angle de 25 degrés entre les soupapes montre qu'il s'agit d'une extrapolation des culasses des Golf et Scirocco 16V.
On remarque que la courroie crantée du moteur à simple arbre est conservée : elle entraîne un seul arbre à cames accouplé à l'autre par des pignons.
Le turbocompresseur KKK est complété d'un volumineux échangeur de chaleur disposé devant le moteur à la place du radiateur d'eau qui se trouve, quant à lui, relégué sur le côté. C'est le genre de détail qui laisse deviner la vocation très spéciale du coupé Quattro Sport.
Audi annonce une puissance de 306 ch à 6 700 tr/mn. Le rendement (143 ch/litre) est donc comparable à celui d'un moteur Ferrari 288 GTO ou Porsche 959.
La Quattro Sport est encore présentée comme une « 2 + 2 » mais (c'est la tradition), les places arrière sont inutilisables pour des êtres humains normalement constitués.
La transmission, évidemment, reprend elle aussi l'héritage de la Quattro (qui l'avait reçu quant à elle du tout-terrain Volkswagen Iltis) avec les ingénieux arbres de transmission concentriques à l'avant et le minuscule différentiel central, gros come un pamplemousse.
On retrouve aux quatre roues les éléments de suspension à jambe élastique type Mac-Pherson (signalons que c'est un vice-président de Ford qui a jugé bon au début des années 50 de donner son nom à un type de suspension inauguré vingt-cinq ans plus tôt par la firme française Cottin-Desgouttes).
Et voilà à peu près tout ce qu'il y a à dire sur l'Audi Quattro Sport, qui vaut certainement mieux que sa carrosserie du style art brut. On se souvient à ce propos de l'émouvante Quartz dessinée par Pininfarina sur la base de la Quattro originale. On pourrait rappeler discrètement à Audi que l'idée reste toujours valable.
Mais si elle vous a subjugué, n'hésitez pas : il en reste encore quelques exemplaires dans les annonces entre particuliers.
Le conducteur d'une Quattro Sport a un double privilège : il ne voit pas la carrosserie de sa voiture et peut en apprécier les qualités réelles.
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